La digitalisation dans l’agroalimentaire
La crise sanitaire a été un accélérateur de la digitalisation pour l’industrie agroalimentaire. Elle doit maintenant digitaliser ses processus internes afin de gagner l'agilité nécessaire à ce nouveau mode de fonctionnement.
L’agroalimentaire est un secteur majeur de l’économie suisse. D’après le récent rapport de l’Office Fédéral de l’Agriculture, les dépenses pour les denrées alimentaires (dont les boissons) ont représenté 29,9 milliards de francs en 2020, soit une augmentation du chiffre d’affaires de 11,3 % par rapport à l’année précédente. Quant au hub Swiss Food & Nutrition Valley, il estime que 2,6 milliards de francs sont investis chaque année dans l’innovation alimentaire. Avec son réseau de start-ups innovantes, de PME et de poids lourds comme les multinationales Nestlé et Lindt & Sprungli, la Suisse se donne les moyens de ses ambitions : devenir le leader mondial dans l’innovation agroalimentaire et un acteur incontournable du secteur.
Dans un monde de plus en plus digitalisé, et dans un secteur où la transparence, la traçabilité, l’automatisation et l’accessibilité sont des incontournables, la transformation digitale prend tout son sens. Si cette dernière est une source d’opportunités, elle requiert néanmoins certains ajustements en interne afin d’assurer un niveau de collaboration élevé entre les différents acteurs impliqués dans la chaîne de valeur, de la production à la logistique, en passant par la R&D et le marketing - autant de parties prenantes et de points de décision qui nécessitent une culture d’entreprise et une culture réunion à la fois robustes et flexibles.
Industrie agroalimentaire : une digitalisation externe qui va de pair avec une digitalisation interne
Au quotidien, l’agroalimentaire relève des défis uniques liés à la complexité de la production industrielle, à la gestion de la chaîne d’approvisionnement, aux réglementations et aux exigences en matière de qualité et de traçabilité. Le secteur agroalimentaire doit aussi répondre à la demande croissante des clients pour des produits innovants, différenciés et facilement accessibles - sans parler de la crise sanitaire qui a amené son lot de contraintes et d’obstacles, avec un fort impact sur les chaînes de création agricoles et alimentaires, les circuits de distribution et les habitudes de consommation.
Digitaliser la chaîne de valeur
Pour gagner en agilité, en réactivité et en compétitivité, les industries agroalimentaires ont tout intérêt à adopter une stratégie numérique et exploiter au mieux les données créées et collectées par l’ensemble de ses activités. En amont, cela passe par la digitalisation de la supply chain à travers, notamment, l’utilisation de la technologie blockchain comme outil de traçabilité des matières premières, comme c’est déjà le cas chez Nestlé et Migros. Les usines de production peuvent, elles aussi, gagner en productivité grâce à l’apport de la robotique, de l’Internet des Objets (IoT), des réseaux de capteurs et logiciels ainsi que l’intelligence artificielle. En filigrane, la digitalisation de l’ensemble de la chaîne crée de nouveaux flux d’informations qui, s’ils sont traités et analysés de manière rapide et adéquate, deviennent une véritable source de valeur pour les entreprises.
Se rapprocher des consommateurs
Si le commerce en ligne avait déjà le vent en poupe avant la crise sanitaire, il a connu une véritable accélération depuis 2020. Ici aussi, la digitalisation est une source d’opportunités. Les entreprises agroalimentaires peuvent tirer parti des données pour prédire des comportements d’achat et anticiper la demande de leurs clients de manière proactive. Elles peuvent également prévoir avec davantage de précision les fluctuations saisonnières et adapter la production en conséquence. La communication digitale devient, quant à elle, un excellent moyen de cerner les attentes des consommateurs et même de créer et de renforcer leur attachement à la marque.
Repenser les processus organisationnels
Tout projet de transformation digitale requiert l’instauration de modèles commerciaux innovants et/ou la restructuration des modèles existants. Comment traiter et analyser les nouveaux flux d’informations ? Comment assurer un alignement stratégique des équipes dans un environnement dispersé et digital ? Quels processus adopter en matière de prise de décision pour être proactif dans un environnement volatil ?
Dans ce contexte, l’analyse de la performance des processus organisationnels internes n’est pas une tâche anodine : il va s’agir de les mettre au diapason de la digitalisation des activités externes pour les faire gagner en flexibilité, en réactivité et en agilité, à plus forte raison lorsque le travail est organisé en « mode projet ».
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L’importance des questions de sécurité dans la digitalisation
Les données collectées, qu’elles soient internes ou externes, sont une source de valeur inestimable pour les organisations. 2020 a été une année noire en matière de cybersécurité : la transition rapide vers le télétravail, des failles dans des systèmes tiers et de mauvaises pratiques de la part de collaborateurs moins mobilisés sont autant de faiblesses exploitées par les hackers. Selon le sondage OpinionWay pour le CESIN, 65 % des entreprises interrogées déclarent avoir été victime d’une cyberattaque dans les douze derniers mois. Le phishing, l’arnaque au Président et l’exploitation d’une vulnérabilité occupent, encore cette année, le haut du classement.1
Les entreprises agroalimentaires, tout comme la majorité des organisations, se protègent davantage en augmentant le budget consacré à la cyber-résilience et en investissant dans des solutions innovantes. Pour celles qui utilisent le Cloud, des inquiétudes persistent quant à l’absence de maîtrise de la chaîne de sous-traitance de l’hébergeur, de la difficulté à mener des audits et de la confidentialité des données hébergées. Cette absence de maîtrise est encore plus marquée lorsque l’hébergement des données est réalisé hors de l’espace européen et du champ d’application du RGPD ou bien relève du Cloud Act.
Parmi les enjeux révélés par le baromètre CESIN, la gouvernance de la cyber-sécurité et l’adaptation des outils à la transformation digitale apparaissent comme des priorités. À l’heure où le travail à distance se pérennise au sein des entreprises, le secteur agroalimentaire doit faire preuve de rigueur dans le choix des outils digitaux qu’il utilise pour collaborer, communiquer, partager et stocker des informations - que ce soit par écrit ou par visioconférence. Une conformité aux réglementations du RGPD, un hébergement des données en Europe et un cryptage de bout en bout, sont autant de prérequis pour assurer un niveau de sécurité optimal et la bonne continuité des opérations.
Aller plus loin dans la digitalisation du secteur agroalimentaire
S’engager dans une transformation digitale est un projet au long cours qui requiert l’adhésion de toutes les parties prenantes, depuis le comité de direction à chacun des collaborateurs de l’entreprise. Pour que la digitalisation soit efficace et créatrice de valeur, il ne suffit pas de digitaliser les activités externes : il convient aussi de repenser la culture organisationnelle pour la faire gagner en agilité. Implémenter des processus flexibles favorisant l’innovation, la collaboration et la réactivité sont autant d’atouts pour rester compétitif dans un secteur agroalimentaire en pleine mutation.
1 Sondage OpinionWay pour le CESIN, 2020.